La femme qu'il avait vu entrer tout à l'heure vint s'installer au comptoir sur le seul tabouret de libre qu'il restait, soit pour être plus précis celui qui se trouvait juste à côté du sien. En bonne habituée qu'elle devait être de la taverne, elle semblait tout à fait à son aise ici mais il n'était cependant pas bien dur de deviner qu'elle était bien loin de faire partie de ces groupes de filles de joie, éméchées, droguées ou autre qui traînaient aux quatre coins du bar sans aucune pudeur, racolant à tout va. Ces femmes là le dégoûtait au plus haut point... Pourquoi dépenser de l'argent pour des femmes qui n'étaient pas bien loin d'être des déchets ambulant, quand il suffisait de quelques effort supplémentaires pour en avoir des bien plus « potables », et sans dépenser un rond ? Enfin... Chacun ses goûts & points de vue, hein...
Gericko fit tourner le fond de bière qui restait au fond de sa pinte, avant de l'avaler d'une gorgée. La jeune femme à côté de lui commanda une vodka tout en discutant d'un ton jovial avec le barman, qui visiblement avait l'air de bien la connaître, elle et ses types... Il se tourna vers elle et la dévisagea sans gêne, détaillant son corps de son insolent regard doré à travers les longues mèches ébènes qui lui retombaient en travers de son visage. S'attardant sur la bouteille qu'elle venait de se faire servir, un air brièvement amusé passa sur son visage. En voilà une qui n'avait pas peur d'attaquer direct par quelque chose d'aussi fort, elle devait avoir des tripes au ventre ! Lui se contentait très bien de ses bières, pour l'instant, ne portant pas un amour fou à l'alcool depuis qu'il s'était bêtement fait droguer suite à un stupide moment d'inattention de sa part... Il savait pourtant pertinemment que dans des endroits comme ici, mieux valait ne pas lâcher son verre et/ou sa bouteille du regard, mais allez savoir pourquoi il s'était tout de même laissé avoir... Peut-être avait-il déjà bien trop bu pour réaliser vraiment ce qui se passait, ou peut-être que quelqu'un avait voulu jouer au plus malin avec lui – et y avait réussi ! –, toujours est-il qu'il s'était par la suite retrouvé quelques heures plus tard dans une ruelle sombre, avec un trou énorme dans sa mémoire et ses poches tout aussi vide. Heureusement qu'on avait pu le renseigner sur ses agresseurs, auxquels il avait par la suite réglé leur compte vite fait bien fait, et fait passer définitivement toute envie de s'en prendre à lui mais en attendant, c'avait été une très mauvaise expérience pour lui, et il avait retenu la leçon. Bref... Tout ça pour dire que tandis qu'une très charmante inconnue à ses côtés se rafraîchissait le gosier avec l'une de ses ex-boissons préférées, lui se contentait de simples bières, un peu à la manière d'un adolescent échappé furtivement de chez lui pour aller visiter le monde des « grands », mais qui craint de revenir chez lui dans un état d'ébriété trop avancé, et de se faire remarquer à cause de ça.

Le pirate reposa sa chope vide sur le comptoir pour fouiller dans ses poche, en ressortant tout le matériel adapté pour se rouler une clope. Enfin une clope... Manière de parler bien sûr, car ce qu'il y mit dedans était loin de n'être que du simple tabac. A vrai dire, lui-même n'était pas tout à fait sûr de l'identité exacte de la totalité de son herbe à fumer. Et s'en fichait éperdument, d'ailleurs ! Comme on dit, il aimait vivre dangereusement...
Terminant son travail avec soin comme s'il s'agissait d'un bien précieux, il fouilla à nouveau ses poches et lâcha un juron – que je ne citerais pas ici pour épargner vos oreilles – en s'apercevant qu'il n'avait pas son briquet, ni rien d'autre lui permettant d'obtenir ne serait-ce qu'une infime flammèche pour allumer son joint. Pff, pas cool ça ! Il se commanda une énième bière et passa sa déception dessus en la vidant en un rien du temps. Heureusement qu'il se dépensait énormément, car sinon il ne tarderait pas à ressembler à tous ces amoureux du bar à la panse bien rondouillarde à force de boire. Erf... Il tenta de s'imaginer leur ressemblant, mais son corps était actuellement bien trop svelte pour qu'il arrive à s'imaginer autrement... Par ailleurs, il ne comprenait pas comment on pouvait se laisser aller à ce point mais bon, ça non plus c'était pas ses oignons après tout...
Gericko joua un instant avec le rebord de son verre, avant de se tourner vers sa voisine de comptoir en tenant sa roulée d'une main nonchalante. Le barman semblait bien trop occupée avec tous ses clients pour satisfaire à ce qu'il voulait, mais peut-être que pour elle ce serait différent ? A nouveau un léger sourire vint jouer avec sa bouche, tandis qu'il plantait son regard dans le sien sans ciller.

« Yo, Demoiselle... T'aurais pas un briquet sur toi par hasard ? »

Notez qu'il avait tout de même conservé un minimum de politesse malgré son salut direct et sa manière un peu trop franche de la tutoyer dès les premiers mots qu'il lui adressait... Mais bon en même temps nous n'étions pas chez les nobles ici, hein ? On était dans un bar ici, on s'embarrassait pas de ce genre de trucs inutile qu'était par exemple le vouvoiement lorsqu'on s'adressait à une personne inconnue... même si ladite personne en question était une femme. Gericko n'était pas de ce genre de type galant à l'excès envers la gente féminine, tout en se comportant comme « un homme, un vrai » avec la masculine... Rien à foutre de ce genre de truc, il les logeait tous à la même enseigne !

C'était quoi cette grimace tandis qu'elle le dévisageait après qu'il lui eut poliment formulé sa demande ? Il rétorqua par un demi-sourire entendu quand il remarqua que son attention s'était fixée sur son joint, et enfin elle prit la parole pour lui répondre, lui avouant qu'elle n'avait pas de briquet sur elle tout en lui demandant d'attendre un instant. Elle se retourna alors vers la salle bondée de populace pour apostropher un prénommé « Daï », lui demandant sur un ton qui n'admettait pas de réplique qu'il lui passe le sien. Ce dernier ne se fit pas prier pour le lui envoyer et elle le réceptionna d'une manière pour le moins peu commune : L'une des mèches de ses cheveux venait de s'allonger, se séparant de la masse du reste de sa chevelure pour attraper au vol le petit objet, avant de retourner à sa place comme si de rien n'était. Surpris, le pirate ne put s'empêcher de hausser un sourcil tout en la dévisageant d'un air vaguement étonné, avant qu'une moue amusée se dessine sur son visage. Amusant, comme pouvoir... Et original, qui plus est !

« Tu as de la chance ce soir... »

La voix de la damoiselle venait à nouveau de se faire entendre tandis que sa coiffe avait à nouveau adopté une attitude des plus normales. Il la remercia d’un hochement de tête silencieux tout en se saisissant du briquet qu’elle avait posé sur le comptoir après avoir joué avec la flamme un instant, et alluma sa roulée sur laquelle il tira une latte avant que sa charmante interlocutrice se remette à lui parler de nouveau.

« Tu as une dette maintenant envers moi… »

Elle se mit à rire avant de se resservir un verre de vodka. Gericko expira lentement la fumée sans se soucier qu’elle saute au visage de sa vis-à-vis, tout en l’observant sans rien dire, gardant ce demi-sourire aux lèvres comme s’il ne s’en départissait jamais.
Enfin, il prit la parole à son tour, daignant enfin lui adresser quelques mots.

« Une dette, vraiment ? Il s’accouda sur le comptoir et posa son menton au creux de ses paumes ouvertes, toujours gardant son regard rivé à celui de son interlocutrice. Il reprit : Et que puis-je donc faire pour ne plus en avoir ? Je déteste devoir quelque chose à quelqu’un… »

Il se remit à tirer sur son joint quelques instants.

« Tu veux quoi ? »

Sa voix était nonchalante, comme s’il abordait un sujet des plus banals dont il avait l’habitude de traiter tous les jours. L’herbe qu’il s’était procuré était bonne ; elle commençait déjà de lui monter à la tête. Un instant il se sentit un peu déphasé, déconnecté de la réalité mais il s’interdit de s’y laisser aller, pas tout de suite en tout cas alors que sa conversation commençait tout juste de prendre un tour plus ou moins intéressant. Attirant l’attention du barman, il se fit resservir une autre choppe tandis que sa partenaire continuait avec ses boissons fortes. Ce dernier grimaça légèrement en sentant l’odeur que sa « cigarette » dégageait, mais ne fit aucun commentaire. On était dans une taverne ici : Tout, ou presque, était permis.

« Je ne sais pas trop… Disons que pour l’instant je n’ai pas trop besoin de service… Mais dès que j’aurais besoin de toi je te contacterais… Ça te va ? »

Ayant remarqué qu’elle ne semblait que très moyennement apprécier la fumée qu’il lui avait soufflé à la figure, il tourna légèrement la tête sur le côté pour exhaler une nouvelle bouffée, avant de se permettre un éclat de rire moqueur. La regardant à nouveau, un mince sourire ironique s’était dessiné sur ses lèvres avant qu’il ne prenne la parole pour lui adresser sa réponse. Elle le devança en lui demandant son nom, l’interrompant net dans son élan.

« Je ne suis pas un serviteur qui propose ses services à tout va. Tout dépend de la nature de ce que tu me demanderas alors. J’accepterais si je veux, et uniquement à cette condition là ; Le cas contraire, ce serait m’attacher à toi et à ton… équipe. Il se tut un instant, en profita pour tirer une latte et éleva de nouveau la voix, la regardant toujours. J’m’appelle Gericko, et pour ce qui est de mon nom tu n’as pas besoin de le savoir. Et toi ? Puis-je savoir à qui j’ai l’honneur d’adresser la parole ? »

Ne vous y trompez pas, il ne s’agissait là nullement d’une technique de drague un peu fanée de sa part ! D’ailleurs, le ton mi-moqueur sur lequel il parlait quasi constamment ne le prouvait que trop bien, pour ceux qui auraient encore eu des doutes à ce sujet.

Un choc sourd se fit entendre tandis qu’un homme visiblement en d’état d’ébriété plus qu’avancé se faisait balancer sans aucune douceur contre le comptoir, tout juste derrière son interlocutrice. Laquelle se retourna d’ailleurs avec vivacité pour lui coller un joli coup de poing dans la figure après l’avoir attrapé par le haut. Il ne s’en fallut que de quelques instants de plus pour que quelqu’un, dans la salle, se mette à hurler à la bagarre générale, tandis que la jeune femme affichait une mine blasée et s’excusait auprès du barman. Ce dernier, qui avait visiblement vu les choses arriver, s’activait d’ores et déjà derrière son bar, à ranger le plus possible ses fragiles bouteilles de verre derrière la rassurante barrière de bois qu’était le comptoir. Il devait avoir l’habitude – ce qui était par ailleurs des plus normal dans un bar aussi mal famé que le sien – et savait comment limiter les dégâts au maximum. Puisque dégâts il y aurait, ça c’était carrément inéluctable dans une bagarre entre gens pour la plupart bien éméchés.

Son interlocutrice se mit à rire en observant le pitoyable spectacle qu’offrait tous ses hommes et femmes se battant entre eux sans vergogne, sans prendre de gants avec son voisin – fut-ce une femme – et sans se soucier du coût de réparation qu’ils auraient par la suite à régler ni même de l’état dans lequel ils s’en sortiraient. Pitoyable, mais jouissif. Il y avait longtemps que le jeune pirate ne s’était pas jeté dans l’une de ses joyeuses bagarres, où le seul but de chacun était d’envoyer balader les gens les plus proches de lui le tout dans une ambiance entraînée.

« Si je n’ai aucune égratignure et aucune tache sur moi ce soir en partant… Ta dette est quitte… Ça te va ? »

Gericko haussa les épaules. Être son larbin le temps de la petite rixe ? Elle semblait pourtant très bien se débrouiller toute seule… Quoi que, à bien y réfléchir, elle s’en sortirait sans aucun doute avec brio, mais quant à s’en sortir totalement indemne, c’était là une toute autre affaire.
Il termina son joint en quelques longues lattes pressées, sans se soucier de la tête qui commençait à lui tourner un peu. L’effet se dissiperait vite, il avait confiance. Et même si ce n’était pas le cas d’ailleurs, quelle importance ? Au vu de l’état de ses futurs adversaires…

Une jeune femme s’approcha de la pirate avec la visible intention de s’y frotter, mais cette dernière ne se laissa pas démonter pour autant et la renvoya promptement d’où elle venait. Ce faisant, elle ne remarqua pas l’autre homme – celui qui avait récolté son poing dans la face tout à l’heure – qui s’approchait d’elle dans son dos après s’être saisit d’une bouteille qui avait été abandonné sur le bar dès l’annonce de la bagarre. Gericko bondit vers lui et se saisit de son bras, profitant de la surprise de l’autre qui ne s’imaginait pas avoir affaire à une défense externe à celle de la blonde ; il le lui tordit jusqu’à ce que l’autre pousse un cri de douleur et lâche sa bouteille, dont il s’en saisit pour la lui fracasser dans aucune émotion sur le haut du crâne. L’autre tituba sur quelques pas avant de s’effondrer sur le sol déjà bien endommagé. Le pirate en profita pour se retourner vers son interlocutrice de tout à l’heure, prenant la parole sur un ton enjoué.

« Garde du corps, quoi. Okay ça me va ! »

Un homme voltigea en une admirable prouesse de vol jusque derrière le comptoir, s’écrasant sur le plancher avec un bruit sourd à quelques mètres à peine du barman. Et dire que Gericko avait un instant cru qu’il allait s’ennuyer au cours de la soirée qui s’annonçait… Voilà qu’il s’était trompé, visiblement. Peu importe, il était loin de s’en plaindre !
Saisissant à bras le corps un homme qui s’approchaient un peu trop à son goût de lui et de la femme qui était désormais sa protégée d’un soir, il lui donna un coup de genoux à l’aine avant de le regarder d’un air peu compatissant s’effondrer sur les genoux, l’air de souffrir. Il laissait la pirate s’occuper des gens qui venaient lui chercher des crosses en face à face, tout en s’occupant de couvrir ses arrières – et de se couvrir lui-même par la même occasion, il n’avait que très moyennement l’envie de finir dans un état aussi lamentable que tous ces joyeux drilles –.

« Mais bien entendu voyons ! Enchantée aussi, Monsieur je ne sais pas quoi. »

Elle aussi se foutait bien de sa gueule là, non ? Mais qu’importe après tout, Gericko n’était pas particulièrement tatillon sur ça… Après tout, il passait son temps à ironiser et tout tourner en dérision… Alors pourquoi se vexer quand ce qu’il appliquait aux autres, on l’appliquait également à lui ? Au contraire même, il était ravi d’avoir trouvé en Alexandra une partenaire qui semblait ne pas avoir sa langue dans sa poche. Cela n’n rendait que plus intéressante une éventuelle conversation entre eu deux tandis qu’ils cassaient du peuple à tout va. Teh, que voulez vous ? La langue était un muscle qu’il fallait occuper tout aussi bien que les autres… Ce n’était pas parce que les deux jeunes gens étaient prit en plein dans une bagarre d’ivrogne qu’ils devaient pour autant laisser leur cerveau au placard ! Ce n’était pas le cas pour notre insolent pirate, en tout cas. Et quant à la jeune femme, cela semblait être pareil pour elle puisqu’elle lui répondait avec tout autant de verve, et y mettait de même les gestes qui allaient avec. Enfin quelqu’un qui ne manquait pas ne répondant ! Et elle le prouva une seconde fois après qu’il lui eut demandé depuis combien de temps elle exerçait dans cette « profession » … Si on pouvait parler de profession quand on était un pirate, bien entendu… Quoiqu’après tout, eux aussi avaient des revenus – ou du moins ce qui s’en approchait – réguliers… Non ?

« Oh très peu... Juste depuis que je suis âgée de quelques mois... Un temps, pendant lequel un nouveau type eut le malheur de rencontrer le poing de sa dynamique interlocutrice, puis elle reprit : Ne dit pas qu'ils sont des larbins ou je serais dans l'obligation de t'enfoncer deux couteau dans les yeux et de te couper la langue... Mais sinon en effet j'ai un bon équipage... C'est un peu comme une famille plutôt qu'un équipage... Sauf que je n'aurais pas de gêne à les tuer s'ils me trahissent... »

Drôle de définition d’une famille, tiens… M’enfin au moins, ses hommes savaient à quoi s’en tenir et ne devaient pas souvent faire ne serait-ce qu’un pet de travers avec une femme comme celle-ci à leur tête ! Qu’est-ce qu’on disait déjà, dans ces cas-là ? Ah oui : Une main de fer dans un gant de velours. A première vue, cette expression semblait convenir à merveille à la pirate.

« Deux couteaux ? Releva-t-il en haussant les sourcils, l’air faussement impressionné. T’y vas pas de main morte, dis donc ! Cela dit, tu n’étais pas obligée de voir en ce terme une connotation péjorative… Puisqu’ils te sont loyaux, t’obéissent au doigt et à l’oeil mais que tu hésiterais pas à les tuer au moindre faux pas, pour moi ils sont ce qu’ils sont… M’enfin je tiens à l’intégrité de ma vision tout comme à celle de ma parole, donc je m’incline et respecte tes paroles. Je dirais plus jamais ça, juré ! »

Cessant de parler pour gentiment – ou pas – décocher un crochet du droit au premier qui s’était un peu trop approché d’eux, il le cueillit ensuite au creux de l’estomac avant de le faire tomber à genoux par un coup de coude bien placé derrière la nuque. Un de ses genoux vient cogner sans grande douceur l’arrête nasale du pauvre homme et il l’abandonna là à son sort, se prenant le nez à deux mains pour tenter d’arrêter le saignement déclenché alors que Gericko lui avait sans doute explosé le nez. Puis à son tour le pirate fit les frais d’un violent coup dans le thorax, lequel lui coupa la respiration suffisamment longtemps pour laisser une ouverture à son adversaire du moment. Ni une, ni deux l’animorphe se retrouva à terre avec un bonhomme puant la vinasse au dessus de lui, les mains serrées contre sa gorge. Oho… Peu sympathique, celui là… Il s’était cru où, pour l’attaquer de la sorte ? A moins qu’il ait un peu trop abîmé l’un de ses potes, ce qui était fort probable après mûre réflexion… Dommage qu’il ignore tout ce que pouvait faire un homme capable de se métamorphoser, comme lui. A commencer par sa force, qui restait supérieure à celle qu’il aurait normalement dû avoir sous sa forme humaine. Il agrippa le type un peu en dessous des aisselles et le fit basculer cul par-dessus tête au dessus de lui, se servant de sa souplesse pour inverser les rôles en une petite pirouette. L’autre, surpris, avait desserré légèrement sa prise autour de son cou. Ce fut plus qu’il n’en suffit au jeune homme pour se dégager, et l’assommer violemment en lui cognant la tête contre le plancher. Puis il se releva l’air de rien, s’ébroua et dépoussièra son haut du plat de la main, comme s’il venait simplement de faire le ménage… A sa façon. Ce fut à peu près dans le même temps qu’Alexandra laissa échapper un sifflement, rassemblant en un instant tous ses larb… Pardon, ses hommes autour d’elle. Elle leur décréta qu’il était temps de partir, et mit aussitôt ses paroles en action en s’éloignant de ce qu’il restait de cette bagarre de débouchés. Elle tourna la tête vers Gericko et celui-ci lui adressa un petit signe de la main en même temps qu’un bref clin d’œil.

« Au plaisir, ma Demoiselle. Ce fut une joie de se calmer les nerfs à tes côtés. »

Railleur, il lui adressa un grand sourire puis fit craquer les jointures de ses doigts. Attrapant la première bière qui traînait sur le comptoir un peu trop près de lui – et qu’importe qu’elle lui soit destinée ou non, après tout – il s’en saisit pour la vider d’un trait. La pirate et toute sa clique s’en était allée, et lui n’allait pas tarder à en faire de même. C’était bien beau, que de se défouler de la sorte, mais maintenant mieux valait s’éclipser avant que les ennuis commencent pour de bon… Parce qu’à moins d’un gros miracle, il avait dû se foutre pas mal de type sur le dos, maintenant. Puis pour couronner le coup, il avait plus de quoi payer ses consos. Bref, autant jouer les filles de l’air et se casser vite fait bien fait… Jusqu’à la prochaine fois.